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Quasiment aucun risque d'attraper le Covid en appuyant sur un bouton-poussoir

4 février 2021 | Andri Bryner

Le coronavirus peut se trouver sur les objets fréquemment touchés par de nombreuses personnes. Toutefois, la probabilité de contagion par cette voie est très faible. L'étude régulière d'échantillons prélevés sur les poignées de portes, les touches de distributeurs ou autres boutons-poussoirs pourrait cependant être intéressante pour le suivi de la pandémie.

Avez-vous déjà essayé d'appuyer sur le bouton d'appel du feu vert pour piétons avec le coude? Pas si simple, n'est-ce pas? Deux études auxquelles l'Eawag a participé montrent aujourd'hui qu'il n'y a pas de raison de vraiment s'inquiéter à ce sujet : la probabilité de se contaminer avec le SARS-CoV-2 en touchant des boutons ou des touches d'accès libre est beaucoup plus faible que par d'autres voies.

Huit pour cent des échantillons testés positifs

Pour le savoir, les biologistes ont testé près de 350 échantillons prélevés d'avril à juin 2020 à la surface des portes de magasins, des couvercles de conteneurs à poubelles, des touches de distributeurs de billets, des pistolets de pompes à essence et, justement, des boutons-poussoirs pour piétons. Dans 29 échantillons, soit 8 % des cas, du matériel génétique du virus a effectivement été détecté. Ils étaient donc positifs. Toutefois, les concentrations étaient si basses que les scientifiques estiment que la probabilité de contagion par ces surfaces contaminées est très faible : «moins de 5 cas sur 10'000», indique Timothy Julian du département de Microbiologie de l'environnement de l'Eawag. L'étude a été dirigée par Abigail Harvey et sa professeure Amy Pickering, deux chercheuses de l'université Tufts à Somerville, une ville de 80'000 habitants de la périphérie de Boston (USA).

Un instrument d'alerte précoce

Malgré cette bonne nouvelle, selon laquelle ces objets urbains contaminés contribuent très peu à la propagation du coronavirus, les biologistes conseillent de prélever régulièrement des échantillons à leur surface. En effet, ces points stratégiques sont touchés jusqu'à 30 fois par heure par les personnes les plus diverses et l'évolution des détections à leur niveau présente une bonne corrélation avec celle des nouvelles infections dans la population, telle qu'elle est indiquée par les tests sur les sujets humains. «Comme l'analyse des eaux usées, le dépistage du SARS-CoV-2 sur les surfaces souvent touchées pourrait être un instrument très utile pour compléter les tests biologiques et détecter de façon précoce les évolutions de la pandémie», précise Timothy Julian.

Le lavage des mains reste la meilleure stratégie

Dans une deuxième étude dirigée par Ana Karina Pitol (Imperial College, Londres), les biologistes ont combiné les modèles d'évaluation du risque pour savoir si la désinfection des surfaces et le lavage des mains étaient efficaces pour réduire ce risque. Le résultat est très net : alors que l'utilité de la désinfection des points de contact dépend de très nombreux facteurs et s'avère plutôt faible, la désinfection des mains offre une protection universelle et réduit le risque de contamination de plusieurs ordres de grandeur. D'après cette étude, le risque de transmission du virus par les boutons-poussoirs, touches et autres poignées de porte ne doit pourtant pas être négligé. Timothy Julian souligne ainsi: «Si l'on considère que des dizaines de personnes touchent ces objets toutes les heures, le risque augmente logiquement si les porteurs du virus sont plus nombreux. Toutefois, le risque de contamination par d'autres voies augmente lui aussi dans les mêmes proportions – si les distances ne sont pas respectées ou si trop de personnes se rassemblent en un même lieu, par exemple.»

Aucune comparaison avec les tables ou la vaisselle

Les surfaces de contact pouvant être contaminées pendant une période prolongée, comme les tables et la vaisselle dans les restaurants, n'ont pas été concernées par l'étude. «La probabilité que quelqu'un tousse ou éternue sur une table et que, donc des gouttelettes contenant de fortes concentrations de virus se trouvent à sa surface, est beaucoup plus élevée que pour un bouton-poussoir ou une poignée de porte», relève Timothy Julian. La désinfection des tables de restaurant et le nettoyage méticuleux de la vaisselle et des couverts restent donc essentiels.

Photo de couverture: Eawag, Andri Bryner

Articles originaux

Harvey, A. P.; Fuhrmeister, E. R.; Cantrell, M. E.; Pitol, A. K.; Swarthout, J. M.; Powers, J. E.; Nadimpalli, M. L.; Julian, T. R.; Pickering, A. J. (2021) Longitudinal monitoring of SARS-CoV-2 RNA on high-touch surfaces in a community setting, Environmental Science and Technology Letters, 8(2), 168-175, doi:10.1021/acs.estlett.0c00875, Institutional Repository
Pitol, A. K.; Julian, T. R. (2021) Community transmission of SARS-CoV-2 by surfaces: risks and risk reduction strategies, Environmental Science and Technology Letters, 8(3), 263-269, doi:10.1021/acs.estlett.0c00966, Institutional Repository

La probabilité qu'il y ait suffisamment de virus sur ce bouton pour que l'on soit contaminé – avant de se laver les mains (!) – est très faible.
(Photo: Eawag, Andri Bryner)