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Pédaler pour l’égalité : Sara Beck, post-doctorante, au Tour de France

23 juillet 2019 | Stephanie Schnydrig

Dix cyclistes se sont engagées en équipe dans la plus dure course de leur existence, avalant les étapes de l’édition 2019 du Tour de France un jour avant le peloton professionnel masculin. Sara Beck, post-doctorante du Département Microbiologie de l’environnement est de la partie.

La plus célèbre course cycliste au monde – le Tour de France – bat son plein. Du 6 au 28 juillet, les pros du cyclisme mondial se mesurent les uns aux autres et contre la montre au fil de 21 étapes, soit près de 3500 kilomètres et 65 montées et cols. Le spectacle est cependant exclusivement masculin. Plus encore, il n’existe pas – et de loin – de course par étapes de ce genre dans le cyclisme féminin professionnel suscitant une telle attention, sans parler des sommes versées aux gagnantes. Constituée de dix coureuses non-professionnelles, parmi lesquelles Sara Beck, l’équipe cycliste InternationElles a décidé de dénoncer cette injustice. Âgées de 27 à 46 ans, ses membres viennent des États-Unis, d’Angleterre, d’Écosse, d’Australie et des Pays-Bas.

Le 5 juillet, elles ont donc pris la route à Bruxelles, pour la première étape de près de 200 kilomètres. Depuis, elles traversent la France, du Nord du Pays jusqu’aux Pyrénées et aux cols alpins, un jour avant le peloton masculin professionnel. L’objectif de leur action est de faire réfléchir le public, pour qu’il s’interroge sur la raison de l’inexistence d’un Tour de France féminin.

En 1955, une course féminine de plusieurs jours avait bien été organisée en France. Depuis, elle s’est réduite à une course d’un jour sur 120 kilomètres. « C’est une blague », juge Sara avant d’ajouter : « En tant que triathlète, j’ai l’habitude de voir des hommes et des femmes se mesurer côte à côte sur le même trajet, le même jour. » La situation dans le cyclisme est donc incompréhensible, d’autant plus qu’il existe des athlètes phénoménales dans le sport d’endurance, comme le montrent les courses de trail ou Ironman.

Près de cinq mois avant le début du Tour, Sara a débuté un entraînement intensif qui l’a amenée à parcourir plus de 6000 kilomètres dans les Alpes. Aujourd’hui, alors qu’elle n’a plus que quelques étapes devant elle, son bilan est clair : « J’aurais dû commencer l’entraînement bien plus tôt ». Outre les jambes fatiguées et les innombrables heures passées en selle, la grande difficulté est de parvenir à dormir et à manger suffisamment. Autre problème : l’équipe féminine ne dort pas dans des hôtels de luxe mais dans des Airbnb. Ses membres cuisinent et lavent leur linge elles-mêmes.

De quoi se réjouit tout particulièrement Sara en vue de l’arrivée à Paris samedi prochain ? « Rouler en équipe sur les Champs-Élysées, en direction de la ligne d’arrivée », dit-elle. Puis d’ajouter : « Et clairement de la fête qui suivra – il restera bien un peu d’énergie pour ça aussi. »

L’équipe InternationElles rend compte en direct de son aventure au Tour de France sur Instagram et Facebook.